/ 15 MARS - 15 MAI / SOLO EXPOSITION GERMAIN CAMINADE / Galerie R—2 / 480 M2 / PARIS
SATYA YUGA
( MARS - MAI / SOLO EXPOSITION GERMAIN CAMINADE / GALERIE R—2 / 480 M2 / PARIS )Lettrer, peindre, couper, coller, explorer le virtuel dans toutes ses dimensions.
Rétif à la langue qui se substituerait à l’image, Germain Caminade n’en manipule pas moins des signes. Détraqués, encadrés, superposés, intriqués, mixés, ils se déploient dans un espace sémantique pur, libéré de la référence, sauf au rêve, c’est-à-dire livrés aux condensations, aux censures brisées, à ladanse neuronale. La surexposition de traces ne doit rien à la désinvolture.
Elle met en lumière comment les émulsions de couleur ne prennent sens que dans l’invocation d’un regard écorché. Ce sont des objets calligraphiques uniques, à la beauté indécidable, bazardant les formats préconçus au profit d’expériences limites. Non pas dans l’excès facile, mais dans la saturation de la simplicité. Peut-être à la flamme d’une chandelle. Loin des signaux épileptiques d’un monde trop énervé. Pour ressentir chaque ondulation des signes, à même la matière des pigments, comme à la recherche d’un sens inconstructible.
Ce serait un cabinet de curiosités, plein de contrefaçons et de casiers optatifs : puisse la lumière nous détourner des évidences et nous rendre l’axiome du peut-être. J’en relève quelques signaux faibles : des micro-équilibres aux contrastes plus subtils que la recette de Rothko ; des fantômes survenus d’une ancienne humanité ; une réduction de l’œuvre à son seul titre retourné ; slogans usés jusqu’à la trame ; bavures caricaturales ; voltige de symboles au-dessus du filet des mots ; nocturnes africains ; silhouette à la plus simple expression ; 217, 219.
Germain Caminade renverse la syntaxe. Cela va bien au-delà de la « salade de mots » à la Dada. C’est un assemblage subversif, loin des échos attendus, au plus près du signe : même le visage isolé, même la peau cuivrée, mêmes le goudron et l’argent, même la phrase détachée résonnent ! On assiste à la déconstruction de la lecture, à la fin du déchiffrage aveugle à la figure du signe. Il y a une identité douloureuse qui se perd dans la déliquescence des chairs ou la misérable superficialité des symboles vestimentaires et il y a l’énergie du vide.
L’artiste nous a fait trébucher, nous les somnambules, pour nous réapprendre l’usage du monde, pour nous rendre une boussole aimanté par le désir, et pour mettre fin à ces images qui font de nous de la viande rouge.
Vincent Bontems
( CEA - ENS - Bachelard - Les Belles Lettres - Revue de synthèse - Gilbert Simondon et l'invention du futur - Économie de l'hypermatériel et psychopouvoir - … la psychanalyse de la ”matière noire” … )
( CEA - ENS - Bachelard - Les Belles Lettres - Revue de synthèse - Gilbert Simondon et l'invention du futur - Économie de l'hypermatériel et psychopouvoir - … la psychanalyse de la ”matière noire” … )